En Belgique, des poissons tels que le cabillaud ou le saumon se retrouvent régulièrement dans nos assiettes. Mais il faut reconnaitre qu’il est déjà plus rare de manger un filet de plie ou une aile de raie. Et tout le poisson que le Belge ne consomme pas finit par être broyé jeté. La Flandre souhaite promouvoir les espèces de poissons méconnues du grand public pour réduire ce gaspillage, peut-on lire jeudi dans De Standaard et Het Nieuwsblad.
L’année passée, plusieurs tonnes de poissons frais ont ainsi été pêchées au large de nos côtes. Et 300 tonnes ont fini par être détruites ou broyées par manque d’intérêt des consommateurs: un phénomène interpellant.
En décembre 2013, plusieurs bateaux de pêche sont rentrés au port de Zeebrugge remplis de sébastes et de plies. » Nous avions au total 15 000 kilos de poissons « , explique l’armateur Jan Couwyzer. » Un poisson exceptionnel. Mais il n’a atterri sur aucune assiette « .
Dans les espèces de poissons boudées par les Belges, on peut retrouver la plie, la raie, le rouget, le tacaud ou encore le congre. Certains sont connus, d’autres un peu moins, mais tous sont des poissons bien de chez nous. En effet, ils ont été pêchés en Mer du Nord et ils sont bien présents à la criée de Zeebrugge et d’Ostende.
Les Belges achètent leurs poissons par habitude
Mais pourquoi les Belges ne veulent-ils pas de ces poissons ? C’est sans doute une raison d’habitude. Les gens achètent plus facilement et plus souvent du saumon, du cabillaud ou de l’églefin. Des poissons connus qu’ils savent cuisiner.
Des poissons, comme la raie, ont parfois mauvaise réputation : pas frais, dégage une odeur désagréable, … certains disent aussi ne pas aimer le goût de la plie par exemple. Mais les Belges ignorent peut-être également que ces poissons sont pêchés au large de nos côtes.
Annick Degueldre, patronne d’une poissonnerie à Mons, explique le manque de succès de certains poissons : » Ils nécessitent peut-être un peu plus de préparation, de recettes… Je pense que c’est une question de méconnaissance oui et d’intérêt qu’ont les gens pour les poissons sans arêtes et vite cuits. C’est ce que les gens recherchent « .
Et en ce qui concerne les poissons les plus vendus : » La plie, la raie, le merlan quand on peut en avoir… « . Pour la poissonnière, il faudrait davantage de promotions pour les poissons pêchés au large de nos côtes, cela pourrait sans doute changer les habitudes de ses clients.
Les invendus finissent par être transformés
Mais que fait-on de ces invendus ? A partir du moment où ces poissons frais ne trouvent pas preneur à la criée, ils ne partent pas directement à la poubelle. Ils sont broyés et transformés en farine de poisson ou en nourriture pour chiens et chats.
Ce que regrettent évidemment les pêcheurs. Car entre vendre une plie à 2 ou 3€ le kilo et à 0.20€ le kilo quand on le transforme en aliment pour animaux, il y a une grande différence.
D’après le ministre-président flamand Kris Peeters (CD&V), qui est aussi compétent pour la Pêche, 306 000 kilos de poisson frais ont été retirés du marché l’an dernier. » Ce nombre augmente: de 192 tonnes en 2011 à 223 tonnes en 2012 et plus de 300 tonnes l’an dernier « .
Nathalie Servais et Cindy Ferrière