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Pour interviewer le chanteur Pain Noir, il faut tabler sur les mercredis et les vacances scolaires. Le Clermontois, en plus de son activité musicale anciennement sous le nom de St Augustine, est instituteur en école maternelle. « J’adore mon boulot. En 2011, j’avais pris une année en dispo pour me consacrer à la musique. Je n’ai pas du tout aimé. Ce n’était pas une question d’argent mais d’énergie. J’ai un caractère comme ça. Plus j’en fais, plus j’ai envie d’en faire. Je suis un calme mais je suis boulimique. Il faut que je sois toujours occupé. »

Il n’a pas été nécessaire d’attendre le dixième anniversaire de la fameuse crise du disque pour constater que de nombreux musiciens avaient la nécessité financière d’avoir un travail alimentaire à côté de leur activité artistique. Mais il existe aussi de nombreux autres artistes qui, comme Pain Noir, gardent un boulot pour d’autres raisons.

« C’est un travail qui me permettait d’avoir accès à la poésie de la vie quotidienne, d’observer les gens, leurs vies », explique Gianmaria Testa. Aujourd’hui retraité, le chanteur italien a longtemps conservé son travail de chef de gare à Coni, dans le Piémont. « Je n’ai aucune référence quant à la vie de musicien. J’avais besoin d’avoir un métier, avec ses horaires, ses contraintes et ses joies aussi. »

Le rockeur californien Hanni El Khatib avait quant à lui lâché son juteux boulot de directeur artistique dans sa société de fringues pour skateurs, pour se lancer dans la musique. Après trois albums et des tournées internationales, il est cependant revenu à sa première activité, tout en lançant un label rock.

« Ce boulot me permet de me sentir légitime et utile, explique Pain Noir. En ce moment, je travaille avec des touts petits, c’est tellement enrichissant. C’est un cliché mais c’est vrai. » Et bien sûr, son activité de musicien l’aide aussi dans son travail à l’école. « Bien sûr, j’ai toujours une guitare en classe. »

Musicalement, Pain Noir est un artiste mûr dont le nouvel album, premier sous ce nom, a été salué comme un émouvant catalogue de chansons folk en français. « J’ai mis du temps à en arriver là. Je suis un petit peu lent… Avec Pain Noir, j’ai enfin arrêté d’essayer de ressembler à mes idoles pour enfin faire une musique qui me ressemble d’un point de vue personnel. » Pour atteindre la plénitude, le chanteur a tenu à « rester éloigné de Paris. Je vis à dix minutes de la montagne et de la forêt. Je fais une musique qui ressemble à ma région. »

Pain Noir reconnaît qu’en contrepartie, il faut accepter de « faire les choses lentement et avec des moyens très minimalistes ». Le trio électro Jabberwocky, à qui tout réussi depuis deux ans, n’a pas eu cette patience. En 2013, à force de faire de la musique ensemble « comme un loisir », les trois copains de la fac de médecine de Poitiers composent un jour Photomaton. Des amis leur conseillent de poster le titre sur Internet. Radio Nova le repère, le diffuse et tout s’emballe. « On a décidé de mettre nos études entre parenthèses parce qu’il semblait impossible de concilier les deux emplois du temps, explique Simon Louis Pasque. Notre doyen a été hypercompréhensif. Il a bien compris qu’on ne cherchait pas un prétexte pour glander mais qu’on avait une vraie opportunité. »

Durant la période de composition puis de préparation du live, les jeunes gens se sont même astreints à des horaires de travail. « On s’est fait une sorte de routine, on se retrouvait tous les jours au studio de 9h à 21h. Nos études nous imposaient ce rythme de travail. On l’a gardé. »

Pour l’instant le trio ne veut pas penser à un éventuel retour sur les bancs de la fac. « On n’en parle plus entre nous mais ça reviendra peut-être. Là, on veut se consacrer à 100 % à la musique. »

« Je ne veux jamais être blasé de la musique, explique au contraire Pain Noir du haut de ses quelques années d’expérience que Jabberwocky n’a pas encore. La musique, et le dessin, l’art en général, sont des choses qui occupent tous les aspects de ma vie, y compris mon boulot. Lâcher mon boulot reviendrait à vivre moins. »

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